Un rappel du contexte s’impose : en avril 2023, le Centre de Santé des Fagnes (CSF) — l’hôpital public de Chimay — avait annoncé devoir suspendre les actes d’accouchement au sein de sa maternité pour des raisons de pénurie de personnel médico-soignant.
En regard de sa localisation, l’hôpital de Chimay, qui enregistre moins de 200 accouchements par an(*1), avait bénéficié d’une exception géographique. De nombreuses autres maternités de petite taille tant en France qu’en Belgique font également face à des difficultés liées à la disponibilité des ressources médicales et paramédicales pour assurer la continuité de l’activité. La situation chimacienne n’est pas un cas isolé qui serait une conséquence d’une stratégie de gestion locale. Malgré les campagnes de recrutement lancées tant au niveau des sages-femmes que des médecins gynécologues-obstétriciens, les renforts actuels ne permettent toujours pas d’assurer la qualité et la continuité des soins dans cette discipline. La suspension des accouchements à la maternité de Chimay doit être prolongée jusqu’au 31 décembre 2023, mais toutes les consultations périnatales sont maintenues sur le site hospitalier de Chimay.
Pour la sécurité des parturientes, cette décision de prolongation de suspension des accouchements s’impose donc. Toutefois, la Direction du Centre de Santé des Fagnes avec l’aide du CHU de Charleroi a concentré sa réflexion sur deux axes primordiaux :
1. Garantir une alternative de proximité et de qualité à la population ;
2. Maintenir l’ensemble des consultations périnatales au Centre de Santé des Fagnes en collaboration avec les médecins du CHU de Charleroi, tout en permettant aux sages-femmes du CSF de poursuivre leurs activités.
De manière fondamentale et dans l’urgence, une collaboration a été mise en place entre d’une part le Centre Hospitalier de Valenciennes — Centre Hospitalier Fourmies et d’autre part avec le CHU Charleroi-Chimay afin de gérer au mieux cette crise et de délocaliser le seul acte d’accouchement en présence des sages-femmes chimaciennes à la maternité de Fourmies. Cette solidarité sanitaire transfrontalière franco-belge soutenue par l’Agence Régionale de Santé des Hauts-de-France est cruciale tant pour le confort des parturientes (y compris financier puisque les frais sont pris en charge pour les habitants de la ZOAST) que pour le personnel médico-soignant français et belge qui trouve dans cette collaboration des perspectives motivantes.
L’Agence Régionale de Santé des Hauts-de-France, le CH de Valenciennes — CH de Fourmies, le CH de Hirson et le réseau hospitalier belge HUmani (CHU Charleroi-Chimay) travaillent ensemble pour édifier un véritable pôle mère-enfant de Thiérache franco-belge(*2). Celui-ci pourrait s’appuyer sur un projet européen Interreg VI, afin de pérenniser et de renforcer les trajets de soins pour les femmes enceintes au cœur du triangle formé par les villes de Fourmies, Chimay et Hirson. L’objectif affirmé est de garantir une prise en charge optimale mère-enfant dans une offre de qualité et de proximité des deux côtés de la frontière, en y associant les autorités belges de santé et les organismes d’assurances maladie. Cette coopération sanitaire franco-belge est une opportunité majeure de maintenir une maternité de proximité et de préserver l’accessibilité des soins pour la population sur ce territoire rural éloigné des grands centres hospitaliers spécialisés français et belges.
1 Pour rappel, en Belgique, le KCE (Federaal Kenniscentrum – Centre fédéral d’expertise en soins de santé) préconise qu’une maternité doit effectuer un minimum de 557 accouchements par an
2 Une convention en réanéonatologie établie entre l’ARS des Hauts-de-France, le CHRU de Lille et l’ISPPC CHU de Charleroi permet déjà d’accueillir à Charleroi les nouveau-nés en soins intensifs et les parturientes à risque depuis juin 2022.